Se rendre au contenu

Tout savoir sur le risque de change

Une menace financière toujours sous-estimée pour les PME et ETI

Dans un monde où l’instabilité géopolitique et économique est devenue la norme, le risque de change est un enjeu majeur pour les PME et ETI opérant à l’international. Fluctuations des devises, tensions internationales, décisions politiques imprévisibles, changement de cap monétaire : les impacts sur vos marges peuvent être considérables si vous n'anticipez pas ces mouvements.


Qu’est-ce que le risque de change ?


Le risque de change, aussi appelé risque de taux de change ou risque de devise, correspond à l’exposition d’une entreprise aux variations des cours des monnaies étrangères. Toute entreprise qui facture ou paie en devise étrangère y est confrontée, même sans s’en rendre compte immédiatement.


Des exemples récents de mauvaise gestion du risque du change


Adidas : une perte opérationnelle massive liée aux effets de change

En 2022, le géant allemand Adidas a vu ses résultats lourdement pénalisés par les effets de change, notamment dans des zones à forte volatilité comme l’Amérique latine et la Turquie. L’entreprise réalisait une partie importante de ses ventes en devises locales, tout en ayant des coûts fixes significatifs en euros et en dollars. Faiblement couverte sur certaines zones, Adidas a dû faire face à un effet de ciseau redoutable : des revenus qui perdaient de la valeur une fois convertis, et des charges inchangées dans une devise forte. Résultat : 281 millions d’euros d’impact négatif sur l’opérationnel, soit 45% de son bénéfice net final. Ce cas illustre bien comment l’absence ou l’insuffisance de couverture de change peut dégrader considérablement les performances d’un groupe pourtant internationalement structuré.

source


Ryanair : une couverture mal ajustée face au Brexit et à la pandémie

Ryanair, compagnie aérienne irlandaise très exposée à la livre sterling, a connu une sérieuse déconvenue en 2020. L’entreprise avait mis en place des contrats de couverture anticipant une certaine stabilité monétaire, notamment autour du Brexit. Mais la pandémie de Covid-19 est venue bouleverser tous les équilibres, faisant plonger la demande et affaiblissant la livre. Plutôt que de profiter de cette baisse pour réduire ses coûts en GBP, Ryanair s’est retrouvée piégée par des positions figées, mal adaptées au nouveau contexte. Cette rigidité a généré des pertes substantielles, et empêché l’entreprise d’ajuster ses coûts de manière agile. Un exemple classique où la couverture devient problématique quand elle est mal dimensionnée ou trop figée.

source


Procter & Gamble : la vigueur du dollar rogne les marges

En 2022, Procter & Gamble a vu ses marges se réduire significativement, principalement à cause d’un dollar américain trop fort. L’entreprise, présente dans de nombreux pays émergents, facture une large partie de ses produits dans des monnaies locales, souvent volatiles. Mais ses coûts, ainsi que la remontée de profits vers les États-Unis, sont majoritairement en dollars. Lorsque le billet vert s’est renforcé, notamment face à l’euro, au yen ou au real brésilien, la conversion des revenus étrangers s’est faite à un taux défavorable. P&G a ainsi perdu plusieurs points de marge brute, démontrant une nouvelle fois que même les multinationales les mieux structurées peuvent être déstabilisées si la gestion du risque de change n’est pas parfaitement alignée sur la réalité opérationnelle.


La Turquie : une politique monétaire hasardeuse qui a fait plonger la livre turque

Entre 2021 et 2023, la Turquie a connu une chute vertigineuse de sa monnaie nationale, la livre turque, qui a perdu plus de 80% de sa valeur face au dollar. L'une des causes principales : une politique monétaire non conventionnelle, marquée par des baisses de taux malgré une inflation galopante. Ce choix a gravement affecté les entreprises turques endettées en devises étrangères, notamment en dollars et en euros, alors qu'elles généraient leurs revenus en livre. Faute de couverture adéquate ou de mécanismes de protection, ces entreprises ont vu leurs remboursements exploser. Cette crise monétaire a également entraîné une inflation massive et une perte de confiance des investisseurs étrangers. Un cas d’école où l’absence de gestion du risque de change à l’échelle nationale a plongé l’économie dans une spirale négative.

source


Sri Lanka : le défaut de paiement déclenché par une crise monétaire

En 2022, le Sri Lanka est officiellement entré en défaut de paiement sur sa dette extérieure. L’une des causes principales de cette crise : une dévaluation brutale de la roupie sri-lankaise, combinée à des réserves en devises étrangères quasiment épuisées. Le pays dépendait fortement du tourisme et des importations, mais ses revenus étaient en monnaie locale alors que sa dette était majoritairement en dollars. L’effondrement du taux de change a donc rendu le service de la dette tout simplement insoutenable. Ici encore, l’absence d’une politique de couverture de change à l’échelle macroéconomique a provoqué une perte d’accès aux marchés financiers, une inflation galopante, et une crise sociale majeure.

source


Argentine : le peso s’effondre, l’économie s’asphyxie

En 2023, l’Argentine a vu son peso perdre plus de 50 % de sa valeur en l’espace d’un an, provoquant une inflation à trois chiffres et une crise de confiance généralisée. Le pays, déjà fragilisé par une dette massive et une dépendance forte aux importations en dollars, n’avait ni réserves de change suffisantes ni mécanismes de couverture viables pour protéger son économie. L’État comme les entreprises ont vu leurs coûts exploser, sans possibilité de répercuter la hausse sur les revenus. Cette spirale inflationniste illustre parfaitement comment une mauvaise gestion du risque de change peut précipiter un pays tout entier dans la récession.

source


Un monde instable, une volatilité devenue structurelle


Depuis plus d’une décennie, les marchés financiers évoluent dans un environnement profondément instable. Crises financières mondiales, pandémie du Covid-19, récessions à répétition, tensions géopolitiques (Ukraine, Moyen-Orient, Chine-Taiwan), guerres commerciales ou encore élections à fort impact mondial : l’imprévisibilité est devenue la norme.

Chaque événement majeur vient impacter les devises de façon parfois brutale. Les banques centrales, devenues les véritables acteurs de marché avec leurs politiques monétaires ultra-interventionnistes, ne font qu’ajouter à la volatilité globale. Le marché des changes, autrefois relativement stable sur certaines paires majeures, est aujourd’hui en proie à des mouvements extrêmes, rapides et souvent déconnectés des fondamentaux économiques.

Un exemple frappant s’est produit très récemment : après la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine en 2024, l’EUR/USD a chuté de près de 10 % en quelques mois, passant de 1,12 en septembre 2024 à environ 1,0170 en janvier 2025. Ce plongeon a été provoqué par l'anticipation de politiques économiques nationalistes et de hausses de taux d’intérêt aux États-Unis. Mais à peine quelques mois plus tard, ce même taux repart à la hausse, atteignant 1,1572 en avril 2025, sous l’effet d’annonces commerciales jugées pénalisantes pour le dollar par les marchés.

Ce type de mouvement, rapide et massif, était autrefois l’exception. Il tend désormais à devenir une réalité structurelle. Dans un monde où l’instabilité est permanente, la volatilité des devises n’est plus un risque ponctuel, mais un facteur de gestion quotidien pour toutes les entreprises internationales.


Devises exotiques : un risque encore plus élevé


Les devises exotiques sont des monnaies de pays émergents ou en développement, caractérisées par une faible liquidité et donc une volatilité qui peut être beaucoup plus élevée. Elles sont souvent associées à des économies moins stables, ce qui les rend plus susceptibles aux fluctuations brusques du marché. On y retrouve dans des devises telles que le ZAR (Rand sud-africain), la MYR (Roupie malaysienne) ou encore le MXN (Peso mexicain).

On les oppose aux devises G10, qui représentent les monnaies les plus échangées, et donc les plus liquides du monde et qui présentent donc une stabilité... théorique ! 

Voici la liste des devises G10 :

USD – Dollar américain

EUR – Euro

JPY – Yen japonais

GBP – Livre sterling

CHF – Franc suisse

CAD – Dollar canadien

AUD – Dollar australien

NZD – Dollar néo-zélandais

NOK – Couronne norvégienne

SEK – Couronne suédoise


Travailler avec des devises exotiques implique souvent des contraintes spécifiques liées à leur faible liquidité. Comme sur tout marché financier, chaque opération de change nécessite une contrepartie : si vous achetez une devise, quelqu’un doit en face être prêt à la vendre. Sur des paires majeures comme l’EUR/USD, qui génèrent plusieurs milliers de milliards de dollars d’échanges quotidiens, cette liquidité abondante permet des transactions rapides, à des prix compétitifs. En revanche, sur des devises exotiques, les volumes échangés sont beaucoup plus faibles. Cela se traduit par des écarts de prix plus larges, une exécution des ordres plus lente ou plus incertaine, et un risque accru de slippage (exécution à un prix différent de celui attendu).

À cela s’ajoute une exposition plus marquée aux événements locaux : les devises exotiques réagissent fortement à l’instabilité politique, aux changements soudains de politique monétaire ou encore aux chocs économiques internes. Ce double facteur (faible liquidité et vulnérabilité aux événements spécifiques) rend leur gestion particulièrement complexe pour les entreprises.


L'exemple du Rand sud-africain

Prenons l'exemple du ZAR. C'est l'une des devises exotiques les plus volatiles, exposée à des fluctuations significatives dues à des facteurs économiques, politiques et sociaux tant internes qu'externes, alors même que l'Afrique du Sud est une économie émergente majeure (première économie africaine).

En 2020, la pandémie de COVID-19 a provoqué une chute du ZAR, atteignant un creux historique de 19,27 ZAR pour 1 USD en avril, contre 14,01 ZAR en janvier. Cette dépréciation de plus de 37% en quelques mois reflétait l'impact sévère de la crise sanitaire sur l'économie sud-africaine, notamment la baisse des investissements étrangers et la chute des prix des matières premières (puisque le rand est ce qu'on appelle une "Commodity Currency").

En 2022, le rand a connu une volatilité continue, oscillant entre 14,50 ZAR en mars et 18,41 ZAR en octobre. Ces fluctuations ont été influencées par des facteurs tels que les décisions de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine et les tensions géopolitiques mondiales.

En 2023, le ZAR a de nouveau atteint des sommets de volatilité, avec un pic à 19,78 ZAR pour 1 USD en mai, et un plancher à 16,74 ZAR en janvier. Cette instabilité a été exacerbée par des problèmes internes, notamment des coupures d'électricité récurrentes, des tensions politiques et des inquiétudes concernant la gouvernance économique.

Pour les entreprises ayant des activités ou des échanges commerciaux avec l’Afrique du Sud, la forte volatilité du rand sud-africain constitue un risque de change majeur. Les fluctuations importantes du taux de change, parfois d’un mois à l’autre, peuvent impacter directement les marges bénéficiaires, les coûts d’approvisionnement ou encore la compétitivité à l’export.

Prenons l’exemple concret d’une agence de voyages française spécialisée dans les safaris en Afrique du Sud : dans un tel cas, la totalité du chiffre d’affaires et des coûts est exposée au ZAR. Une appréciation du ZAR pourrait rendre les prestations bien plus coûteuses pour les clients européens, affectant la demande, la compétitivité et les marges commerciales.

Sans une stratégie de couverture de change adaptée, ce type de volatilité peut rapidement mettre en péril la viabilité économique d'une entreprise. La gestion active du risque de change n’est donc pas une option : c’est une nécessité stratégique pour protéger les résultats et garantir la pérennité des opérations internationales.


Couverture de change : l'importance de se protéger pour les PME et ETI


Pour les PME et ETI exposées à des opérations en devises étrangères (facturation, paiements fournisseurs, investissements à l’étranger), se protéger contre le risque de change n’est pas une option secondaire : c’est un levier stratégique essentiel.


Protéger ses marges

Les marges commerciales incarne la raison d'être économique de l'entreprise. C'est ce pour quoi on se bat au quotidien. Une variation défavorable du taux de change peut suffire à les effacer entièrement. Par exemple, une perte de 5% sur une conversion EUR/USD peut faire passer une commande export bénéficiaire à une opération déficitaire. La couverture de change permet de figer un taux et d’assurer la rentabilité dès la signature du contrat, sans laisser place à l’incertitude.


Gagner en visibilité sur ses résultats

La couverture de change permet de prévoir avec précision les flux financiers futurs, en éliminant les aléas liés à la volatilité des devises. Cela facilite la planification budgétaire, la gestion de trésorerie et les projections financières. En d'autres termes, vous ne pilotez plus votre entreprise à vue : vous vous basez sur des chiffres fiables.


Préserver sa compétitivité à l’international

Un taux de change défavorable peut rendre vos produits ou services plus chers que ceux de vos concurrents étrangers, sans que vous n’y soyez pour rien. À l’inverse, une bonne stratégie de couverture vous permet d’être stable sur vos prix, et donc plus compétitif sur la durée. C’est un avantage commercial direct, surtout dans des marchés sensibles au moindre écart de prix.


Éviter de jouer à pile ou face avec la viabilité de l’entreprise

Ne pas se couvrir revient à parier sur l’évolution des marchés financiers, comme si l’avenir de votre entreprise dépendait d’un lancer de dé. Ce type d’approche met en danger la solidité de votre structure, surtout en cas de chocs exogènes (élections, guerres, annonces des banques centrales…). En se couvrant, on sort de la logique du coup de poker, pour entrer dans celle de la gestion prudente.


Renforcer sa crédibilité auprès des investisseurs et partenaires

Les investisseurs, banquiers et financeurs prêtent une attention croissante à la gestion des risques dans les entreprises, notamment celles tournées vers l’international. Une couverture de change bien structurée est perçue comme un signe de bonne gouvernance. Cela peut faire la différence dans une levée de fonds, une cession, une évaluation de valeur ou une demande de financement.


Maîtriser son présent… et son avenir

Enfin, la couverture de change est un outil de pilotage stratégique. Elle permet non seulement de stabiliser le présent, mais aussi de construire l’avenir sur des bases saines. En fixant un cap financier, l’entreprise se donne les moyens de prendre des décisions de long terme (développement international, investissements, recrutement…) sans craindre que les marchés ne viennent tout bouleverser du jour au lendemain.


Anticiper, c’est protéger sa croissance


Le risque de change n’est pas une fatalité. Avec les bons outils et les bons partenaires, il peut être identifié, mesuré et maîtrisé. Pour les PME et ETI, cela représente un levier stratégique pour protéger ses marges, sécuriser ses budgets et aborder l’international avec confiance.

Chez Devyzz, nous aidons les PME et ETI à se prémunir contre le risque de change grâce à une approche complète et personnalisée :

  • Contrats à terme sur les devises disponibles jusqu’à 5 ans
  • On améliore le pricing que vous avez auprès de votre partenaire actuel, tant sur le taux de change que sur les frais de transfert, pour augmenter directement vos marges.
  • Accès à plus de 140 devises, y compris les plus exotiques
  • Ouverture de comptes multidevises dans 30 devises et 20 pays pour gérer vos flux facilement
  • Accès en ligne à vos opérations via une plateforme intuitive
  • Un chargé de compte spécialisé en risque de change, avec +10 ans d’expérience, vous guide de la stratégie initiale jusqu’à l’ajustement en cours d’année si nécessaire


Nous ne sommes pas seulement présents au moment de mettre en place votre couverture de change. Nous vous accompagnons tout au long de sa vie, car les marchés évoluent, tout comme vos besoins.

👉 Contactez Devyzz dès maintenant pour une évaluation personnalisée de votre exposition au risque de change.
100 jours de Trump, entre turbulences et incertitudes économiques
Droits de douane et mesures de politique intérieure, comment le Président américain a retourné les marchés