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Attaques des Houthis en mer Rouge : impacts sur les délais maritimes

Nous revenons sur la raison de ces attaques, leurs impacts sur les délais de transport maritimes en 2025, les mesures prises et les perspectives d'avenir.

Les attaques des rebelles houthis dans la mer Rouge perturbent gravement le trafic maritime international. Le détroit de Bab el-Mandeb, passage stratégique reliant la mer Rouge au golfe d’Aden, est devenu un point névralgique où le commerce mondial, notamment entre la Chine et l’Europe, subit retards, surcoûts et incertitudes. Dans cet article nous revenons sur le contexte de ces hostilités, leurs conséquences sur les délais et les coûts de transport, les mesures mises en place pour sécuriser le trafic, et les perspectives d’avenir pour les chaînes d’approvisionnement mondiales.



Contexte : les attaques des Houthis et leur impact sur le commerce mondial


Depuis la fin de l’année 2023, les rebelles houthis du Yémen, soutenus militairement et politiquement par l’Iran, ont considérablement intensifié leurs attaques contre le trafic maritime dans la mer Rouge. Le détroit de Bab el-Mandeb, un passage étroit reliant la mer Rouge au golfe d’Aden, constitue un point stratégique vital : près de 10% du commerce mondial transitent par ce canal, incluant pétrole, gaz, biens de consommation et produits manufacturés. La perturbation de cette zone peut donc avoir des conséquences immédiates sur les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Les Houthis justifient ces actions comme un soutien à la cause palestinienne dans le cadre du conflit Israël-Hamas. Ils cherchent à punir les intérêts israéliens et à envoyer un signal aux puissances occidentales qui soutiennent Israël, en utilisant la mer Rouge comme théâtre d’opérations indirectes. Cependant, les victimes de ces attaques ne se limitent pas aux navires israéliens : les flottes commerciales de pays tiers, européennes et asiatiques, ainsi que les compagnies d’assurance et les ports en aval, subissent des perturbations majeures.

L’Iran profite de cette dynamique pour étendre son influence dans la région et renforcer son rôle dans la lutte contre Israël et ses alliés. Les Houthis agissent ainsi comme un outil géopolitique indirect, leur permettant de projeter leur pouvoir sans engagement militaire direct sur le terrain. 

Cette situation illustre une forme de guerre hybride, combinant tactiques militaires, pressions économiques et stratégies symboliques. Plutôt que de viser directement des États puissants dans une confrontation conventionnelle, les Houthis exploitent la vulnérabilité des routes commerciales globales.


Conséquences sur les délais et coûts du transport maritime


Les attaques répétées des Houthis dans la mer Rouge ont provoqué une perturbation majeure du trafic maritime international. Entre octobre 2023 et mai 2024, environ 1 000 milliards de dollars de marchandises ont été affectés, selon le groupe Russell, avec plus de 190 incidents recensés, incluant des navires endommagés, détournés ou coulés. 

Ces actions ont directement perturbé des flux commerciaux stratégiques, obligeant les armateurs à repenser leurs routes pour limiter les risques. Les retombées se font sentir bien au-delà du Moyen-Orient :

  • Allongement des délais de transport : pour éviter les zones dangereuses, de nombreuses compagnies ont dû détourner leurs trajets par le cap de Bonne-Espérance, contournant l’Afrique plutôt que de passer par le détroit de Bab el-Mandeb et le canal de Suez. Ce détour rallonge les distances de plus de 11 000 milles nautiques, ajoutant 10 à 15 jours supplémentaires au transit entre la Chine et l’Europe.
  • Augmentation des coûts logistiques et d’assurance : le risque accru se traduit par des primes d’assurance plus élevées et des surcoûts pour les transporteurs, notamment 1 million de dollars supplémentaires de carburant par voyage, ainsi que des dépenses indirectes liées à la réorganisation des escales portuaires et à la logistique terrestre.
  • Pression sur les chaînes d’approvisionnement mondiales : les produits sensibles au temps, comme l’électronique ou l’automobile, subissent des retards et des fluctuations de prix, impactant la disponibilité et les coûts des biens à l’échelle mondiale.

Ces perturbations ont eu des conséquences visibles sur le trafic portuaire et canalier :

  • Le trafic dans le canal de Suez a chuté de 66 % en 2024, reflet du détournement massif des navires.
  • Les appels portuaires en mer Rouge ont diminué de 85 %, indiquant que la zone est désormais perçue comme trop risquée pour le commerce international régulier.


Mesures internationales pour sécuriser le trafic maritime en mer Rouge


Face à la menace croissante des attaques houthis, la communauté internationale et les compagnies maritimes ont mis en place plusieurs mesures pour sécuriser les routes commerciales et limiter l’impact sur les délais de transport.

Des coalitions navales internationales, comprenant les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne, ont été déployées dans la mer Rouge et le golfe d’Aden pour escorter les navires commerciaux et sécuriser les passages stratégiques. Ces opérations visent à dissuader les attaques directes et à protéger le trafic maritime, notamment dans le détroit de Bab el-Mandeb.

Parallèlement, certaines frappes aériennes ont été menées contre les infrastructures houthises dans les zones de Sanaa et Hodeida, dans le but de réduire leur capacité logistique et militaire. Bien que ponctuelles, ces actions ont pour objectif de réaffirmer la capacité de riposte des puissances régionales et internationales.

Malgré ces efforts, les attaques des Houthis ont continué d'affecter le trafic maritime. Par exemple, en mars 2024, le navire Rubymar, battant pavillon du Belize, a été coulé, marquant un tournant dans l'intensification des hostilités. Plus récemment, en juillet 2025, les attaques ont repris avec le naufrage du Eternity C, un navire battant pavillon libérien, et du Magic Seas, un autre navire libérien, entraînant la mort de plusieurs membres d'équipage.

Les armateurs et les entreprises importatrices ont adapté leurs stratégies pour réduire leur exposition au risque. Au-delà du détournement temporaire des navires, il y a également un recours accru aux frets ferroviaire et aérien. 


Perspectives d’avenir : diplomatie, technologies et adaptation des routes commerciales


Les incertitudes demeurent élevées. Un accord de paix durable n’a pas été trouvé entre les Houthis et la coalition menée par l’Arabie saoudite, et les attaques pourraient donc se poursuivre ou s’intensifier, maintenant des délais de transport plus longs et des coûts élevés.

Cependant, certaines tendances laissent entrevoir des améliorations :

  • Diverses tentatives de médiation internationale et de négociations diplomatiques pourraient stabiliser la situation et permettre un retour progressif au trafic normal. Parmi elles, un accord de cessez-le-feu récemment négocié entre les États-Unis et les Houthis, médié par le Sultanat d’Oman, visait à suspendre les attaques contre les navires commerciaux. Malheureusement, cet accord a été violé à plusieurs reprises.
  • L’adoption de technologies de navigation et de surveillance maritime pourrait réduire les risques pour les navires, permettant un transit plus sûr même en zone sensible. Des systèmes de suivi en temps réel, des drones de reconnaissance, ainsi que des radars et capteurs sophistiqués permettent d’anticiper les menaces, d’identifier rapidement les zones dangereuses et d’alerter les équipages en cas de danger. Grâce à ces outils, les navires peuvent planifier des routes plus sûres, ajuster leur vitesse et bénéficier d’un accompagnement rapproché même en zone sensible, réduisant ainsi la probabilité d’attaques ou d’incidents.
  • Enfin, la diversification des routes commerciales et des modes de transport devrait devenir une norme pour les entreprises, renforçant leur résilience face aux conflits régionaux.

Pour le moment, la mer Rouge reste cependant une zone hautement instable pour le commerce mondial.

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